Métro – 29 novembre 2013
Plusieurs locataires d’un immeuble à 34 logements ont dû quitter leur demeure de façon précipitée il y a 10 jours dans l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, après que le propriétaire n’ait pas respecté la procédure légale de mise en demeure.
Selon l’organisme Projet Genèse, les droits des locataires du 4840 rue Bourret ont été complètement écartés. Le propriétaire, Haim Elkabas, n’aurait pas respecté la procédure prescrite par la loi avant d’entamer des travaux majeurs et d’évacuer plusieurs locataires. Ce dernier devait envoyer une lettre de mise en demeure détaillée, puis si un locataire refusait de déménager, il aurait dû se rendre à la Régie du logement pour obtenir un jugement pour faire les travaux.
«Un propriétaire n’a pas le droit de mettre ces locataires à la porte ni de les presser à partir, il doit s’adresser à la Régie», a résumé Sheetal Pathak, organisatrice communautaire au Projet Genèse. Cette dernière a expliqué que M. Elkabas a procédé à l’envoi de la mise en demeure au mois d’août, quelques jours seulement avant d’entamer les travaux. Depuis ce temps, la dégradation de l’immeuble a forcé plusieurs locataires à quitter les lieux, et plus récemment la situation a empiré avec le froid.
40% de la population de Côte-des-Neiges vit sous le seuil de faibles revenus.
Le locataire Kurt John a décidé de rester dans l’immeuble malgré l’effondrement d’une partie du plafond et un manque de chauffage généralisé. Un autre locataire, Thanh Trung Nguyen, a pour sa part été évacué de son logement jugé inhabitable par le Service de sécurité incendie, la semaine dernière.
«Si cette perte de logements locatifs n’est pas contrôlée, elle pourrait rapidement prendre de l’ampleur et devenir une force gentrificatrice dans notre quartier» dit Sheetal Pathak, organisatrice communautaire au Projet Genèse. Les logements accessibles aux personnes à faibles revenus sont de plus en plus rares selon elle.
Le 4840, rue Bourret n’est pas un cas isolé selon Mme Pathak. La situation s’est déjà produite, selon elle, à quelques portes de distance, au 5700, avenue Victoria, qui appartient au même propriétaire, M. Haim Elkabas. L’immeuble a une vocation locative, mais est actuellement en voie d’être converti en condominiums.
Daphnée Hacker-B.