Les Actualités – 13 novembre 2014
Le conseil municipal a adopté une motion lors de sa séance du 28 octobre dernier pour réaffirmer le soutien de la Ville de Montréal au réaménagement du site de l’ancien hippodrome de Montréal en projet immobilier d’envergure.
Ce site est l’un des derniers terrains situés au centre de l’île de Montréal pouvant être développés, et la Ville veut s’en servir entre autres comme frein à l’étalement urbain.
La motion proposée par Marvin Rotrand, appuyée par Benoit Dorais et Pierre Desrochers, invite le maire et le comité exécutif à poursuivre les démarches pour que l’entente puisse être signée et que le gouvernement du Québec cède le terrain à la Ville dans les plus brefs délais.
«Il était important d’agir parce que les gens ont peur que la Ville perde cette occasion unique», a expliqué Marvin Rotrand en entretien téléphonique.
D’après la motion, le conseil municipal envisage un réaménagement en projet résidentiel mixte vert incluant 15 % ou plus de logements sociaux et abordables, suivant la Stratégie d’inclusion de la Ville de Montréal. Elle mentionne également que l’administration demande une consultation publique à l’Office de consultation publique au moment approprié.
L’intervention de Projet Genèse à la période de questions pour expliquer les problèmes de logement dans le quartier a contribué en grande partie à convaincre les élus d’adopter la motion.
Mais le temps presse, selon Marvin Rotrand. Il reste encore des conditions à remplir, comme la démolition des bâtiments et l’obtention d’un certificat concernant la qualité du sol, qui n’est pas contaminé selon lui puisque le site n’a jamais hébergé d’industries.
Le conseiller de Snowdon estime qu’il sera difficile de remplir toutes ces conditions pour le début de 2017, quand la Ville devrait commencer à vendre les parcelles de terrain pour financer les infrastructures des services à construire sur le site.
Une fois que la Ville aura l’approbation du ministre, il faudra aussi qu’elle se dote d’un plan, qu’elle en fasse la présentation et obtienne des commentaires avant d’aller en consultation publique.
Marvin Rotrand prévoit d’autres obstacles, notamment le schéma d’aménagement du site.
«Certains conseillers ne veulent aucune construction dans la zone tampon le long des voies ferrées et de la gare de triage, ce qui éliminerait du coup près d’un tiers du site disponible au développement», a-t-il dit.
«Il faut clarifier ce qu’est une zone tampon, ce qui peut aller là-dedans, et j’espère que ça peut être modifié un peu. L’autre question, c’est de savoir ce qui marche le mieux pour le site.»
Le conseiller souhaite aborder cette discussion à la prochaine séance du conseil. «Plus on construira de logements, mieux ce sera en termes de coûts-bénéfices, sinon ça coûte plus cher à la Ville de construire les infrastructures», a-t-il dit.
Il croit que la Ville serait mal avisée d’autoriser des immeubles résidentiels très hauts et très rapprochés, étant donné qu’avec une haute densité de population, l’accès au site par l’unique entrée serait problématique.
En entretien le 8 octobre dernier, l’ancien chef de Projet Montréal Richard Bergeron a rappelé que le site a une capacité d’accueil de 5000 à 8000 logements et que le concept de grand quartier vert à l’époque où le concept avait été adopté allait de pair avec la planification du réseau de tramway qui irait jusqu’au centre du site. «Mais là on revient avec cette idée de connecter le fameux Cavendish-Cavendish, mais qui est aussi un Cavendish-Jean-Talon. Ça, ça emmène un grand boulevard à fort achalandage. Ça bouffe grosso-modo le tiers du site et ça va être une tout autre logique de développement», a-t-il dit.
«Par ailleurs, le contrat entre le gouvernement du Québec et la Ville de Montréal imposent de maximiser la valeur foncière. Ça veut dire construire le plus de logements possible pour que ça rapporte le plus possible, et ça, c’est tout à fait à l’opposé d’un quartier mixte avec une présence d’au moins 25% de logements sociaux et abordables. C’est complètement contradictoire avec l’idée d’un quartier vert», avait-il commenté.
Marie Cecchini