Les Actualités – 21 février 2013
Dans Côte-des-Neiges, 4200 ménages locataires doivent destiner plus de 80 % de leur revenu au paiement de leur loyer. Une hausse si minime soit-elle a de grandes répercussions sur les locataires.
C’est ce que soutient Sheetal Pathak, organisatrice communautaire en logement pour Projet Genèse.
La Régie du logement estime à 0,9 % l’augmentation pour les logements non chauffés, l’un des outils de calcul publiés à la fin janvier et conformes au Règlement sur les critères de fixation de loyer.
Cet outil de calcul sert de base de discussion pour les occupants et les propriétaires afin de faciliter l’entente sur une hausse de loyer.
Mme Pathak indique que souvent les prix de loyer vont au-delà de l’indice de la Régie, ce qui crée un manque de compréhension auprès des locataires.
«Plus de 80 % de la population du quartier Côte-des-Neiges est locataire. Beaucoup de gens ont de la difficulté à payer leur loyer. Sur les 4200 ménages en question, près de 60 % sont des personnes seules», affirme Jennifer Auchinleck de la Corporation de développement communautaire de Côte-des-Neiges.
Les outils de calcul pour les logements chauffés ont été établis ainsi: 0,9 % pour ceux chauffés à l’électricité, 0,2 % pour ceux au gaz et 1,7 % pour ceux au mazout. Ces estimations ne prennent pas en compte les spécificités de chaque immeuble.
La négociation est présentée comme la meilleure façon de consentir ou non une hausse du loyer.
Mme Pathak fait toutefois remarquer que tous les loyers ne sont pas soumis par la Régie. Plusieurs locataires font face à des augmentations beaucoup plus importantes que les outils de calcul le suggèrent. «Les locataires ont le droit de refuser une augmentation du loyer et rester dans leur logement. Ils ont le pouvoir de négocier», mentionne-t-elle.
Du côté de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ), on signale que «beaucoup de propriétaires vont se résigner à appliquer l’augmentation annoncée par la Régie pour éviter les démarches administratives coûteuses et dont les délais avant audience portent eux-mêmes préjudice».
La CORPIQ mentionne également qu’un loyer s’en trouve dévalué puisque l’inflation en général s’élève à 2,1 % selon Statistique Canada. «Le gouvernement du Québec prive ainsi l’ensemble des propriétaires de logements québécois de 110 millions de dollars», soutient-on.
Même son de cloche à l’Association des propriétaires du Québec (APQ). «Nous déplorons encore une fois que les taux annoncés ne reflètent ni les besoins ni la réalité du marché locatif québécois», fait savoir Martin Messier, président de l’Association.
Selon ces deux organismes, une refonte complète de cette méthode de calcul vieille de plus de 30 ans est nécessaire.
Plus la valeur foncière monte
Helen Fotopulos, conseillère du district de Côte-des-Neiges, croit que le fond du problème réside dans le système fiscal basé sur la valeur marchande des propriétés. «Aussi longtemps que la fiscalité des municipalités sera basée sur la valeur foncière, le problème va exister. La Régie existe pour pallier le problème. La question doit être posée au gouvernement provincial», soutient-elle.
Josianne Haspeck